Branlette Espagnole



Lorsqu’un puceau se masturbe, il est libre.

Il est libre de s’imaginer « ce que ça ferait d’être à la place » du mec qui retourne la gonzesse dans tous les sens. Un homme parfait procédant étape par étape, procurant du plaisir à une jeune fille tout aussi parfaite, jusqu’à finir en lui explosant dessus comme pour dire « j’ai gagné ».

Le puceau fantasme sur un cliché, voit un scénario idéal, une performance parfaite. Il attend son tour, s’est préparé durant ce long voyage dont il verra un jour le bout, cette fin si proche, synonyme du bonheur, de l’accomplissement.

Parfois, il se masturbera avec encore plus de fougue, lorsque l’homme le représentant à ce moment là s’avèrera être un vicieux dégoûtant ne sachant évidemment pas (s’y) prendre comme il faut (avec) la jeune nymphe.

Quelle injustice ! Si seulement c’eut été lui à la place de cet obscène personnage, il aurait rendu la jeune fille si heureuse, il aurait tellement mieux profité de l’occasion ! Finalement, il se terminera le cœur battant, confiant pour l’avenir, prêt à faire ses preuves, attendant sa chance.

Ah, si seulement on lui en donnait l’occasion…


Et puis un jour, l’occasion est là.

Le puceau se retrouve face à ce moment qu’il a tant attendu. Cela fait des années qu’il en rêve, et la délivrance est enfin là, devant lui. Il se sent confiant bien que stressé, il a révisé, il sait quoi faire. On fait toujours comme ce qu’on a vu dans un Dorcel, même si on se rend compte que finalement, c’est pas si évident que ça en fait. La suite varie en fonction des cas, mais la fin reste la même, heureuse : ce qui devait arriver arriva.

Et maintenant quoi ?

Ben maintenant, on compare.


A moins de mener une vie sexuelle Sifreddiesque jusqu’à la fin de son vit, le mec va forcément se re-masturber à un certain moment.

Mais c’est plus la même chose. A peine l’engin est-il en main que l’on se rend compte de la tristesse de la situation et que l’on pourrait être en train « de le faire vraiment », ce qui serait quand même bien plus sympa. Mais bon, pour le moment, on n’a que(ue) ça sous la main, en attendant que ça aille mieux, et on doit donc faire avec.

La masturbation est là pour combler un manque, mais ça ne suffit pas, on en veut plus et on regrette de ne pas vivre l’étreinte, la vraie, pour toujours.

On se retrouve désormais prisonnier de nos souvenirs chaque fois le manche en main.

Ca nous rappelle comment c'était "en vrai", et au final c’est pas la joie.


Fin Juin 2002, je me retrouvai dans un avion traversant l’Atlantique afin de passer un énième été de plus en Californie, et, en switchant entre les différentes chaines de film offertes par Air Tahiti Nui je tombai sur l’Auberge Espagnole, fraîchement sorti en salles en France et que je n’avais aucune envie particulière de voir, étant pour moi une sombre production française synonyme d’ennui ( à 15 ans j’étais pas à fond sur Klapisch disons). Seulement je ne sais pas comment ni pourquoi je décidai de le regarder, de l’adorer, et une fois arrivé à l’aéroport de L.A. en appelant ma mère pour lui dire que j’avais atterri, je lui dis
« il faut absolument que vous alliez voir ce film avec papa ».


A ce moment là commença mon fantasme. Erasmus, le truc de ouf.

Les années suivantes furent suivies d’une masturbation mentale frénétique de ma part avec pour support ce film dont le personnage principal est quand même un plouc, faut l’avouer.

J’appris le film par cœur au fil du temps, je croyais savoir ce qu’était Erasmus, j’étais persuadé de mieux faire que ce tocard de Xavier, il fallait juste que l’on me donne ma chance.


Et puis c’est arrivé.


A Paris7, personne ne voulait de Prague, mais Prague voulait de moi.

Tous ces moutons se piétinaient pour partir en Angleterre ou en Espagne.

La première destination parce qu’ils voulaient aller « en Angleterre pour parler Anglais ».

Ouais, parce que les Erasmus à Bucarest ils parlent tous roumain t’as vu.

La seconde parce que… ben parce que ils se sont branlés, comme moi, sur l’Auberge Espagnole, sauf qu’ils ont dû y aller un peu plus fort et ont voulu faire comme Xavier. Moi aussi il y a deux ans, j'ai voulu aller à Séville, motivé par ce vieux con mais surtout pour suivre mon ex qui me quittait à l’époque.

C’est quand même révoltant que l’Espagne soit devenue la destination préférée des étudiants Français en Erasmus APRES la sortie du film.


Bref.

En Juin dernier, fini la branlette, mon heure était venue.

Je n’avais rien vu venir, tout comme ma première fois.

Dans un geste désespéré motivé par la vision affreuse de devoir passer une année de plus à Paris, je me présentai au Bureau des Relations Internationales de P7 prêt à partir n’importe où pour échapper à la tristesse de l’Ile-de-France. Une vraie prostituée.

On me dit que personne n’avait demandé à partir à Prague, qu’il restait également de la place en Italie, mais que tout le monde se tapait dessus pour le Royaume-Uni et l’Espagne.

Tant mieux, ça me facilitait les choses.

Rome, Berlusconi ? Très peu pour moi, je connaissais déjà.

Prague ? Heu, attends, y’a pas un délire avec le printemps là j’sais pas quoi ? Vas-y ça a l’air funky, c’est où qu’il faut signer ?


La décision avait été prise en quelques secondes à peine devant l’ouverture qui se présentait à moi, et je me décidai à faire le grand saut avec mon comparse Titi.

Confiant, mais stressé.

L’inconnu n’allait plus l’être.

Mon fantasme allait se réaliser.



Mais aujourd’hui, avant même que j’aie eu le temps de le m’en rendre compte, tout est fini.

La page est tournée, et elle s’est avérée être bien courte.


Je hais Klapisch.

Je le hais pour trois raisons :

La première est qu’après avoir vécu Erasmus, je me suis rendu compte à quel point son film était un ramassis de clichés faciles.

La deuxième est qu’après avoir vécu son film, je me suis rendu compte à quel point il avait raison.

Et la troisième est qu’après avoir vécu Erasmus et vu son film, je me suis rendu compte à quel point l’un et l’autre auraient dû durer plus longtemps, et qu’ils ont fait de moi un éternel insatisfait.


Aujourd’hui, ses deux films sont les pornos de mon cortex préfrontal.

Ils sont mes souvenirs, mon support masturbatoire. Ce sont des films qui ne me satisfont plus, qui m’énervent de par leurs lacunes, de par leur volonté d’amuser le spectateur et de lui imposer une vision d’Erasmus.

« Erasmus c’est la glande » qu’ils crient et affirment sur tous les toits.

Ben ouais connard, et alors, tu crises ?

Une bande de gens avançant des avis établis en regardant deux pauvres films qui clament résumer l’expérience personnelle inoubliable d’un étudiant à l’étranger : voilà ce qu’a produit Klapisch. Un peuple entier considère comme une blague ce qu’est l’expérience et l’invention la plus extraordinaire de l’Europe, celle qui a réussi à concilier les études gratuites et la découverte d’autrui et de soi.


Mais ce n’est pas la faute à Klapisch. Ses films sont pleins de bonne volonté et excellents, et survolent relativement bien une année Erasmus pour qui ne connaît pas.

Sans lui, je ne serai probablement jamais parti, et je lui serai éternellement reconnaissant, bien qu’il s’en touche les burnes.

Mais si l’on devait ne retenir qu’un seul plan du film, c’est bien le dernier : le moment ou Xavier réalise qui il est vraiment, ce qu’il cherche à faire, ou à devenir.

Outre le fait que l’on découvre une quantité incroyable de choses, on se découvre soi-même et sa place dans le Monde, ou du moins en Europe.

Malheureusement les spectateurs retiennent la fête et les filles, ça leur convient bien, ça les amuse; les spectateurs ne comprennent pas au delà et ne comprendront jamais.

C’est pour ça que nous, étudiants Erasmus, devons encourager ceux qui le peuvent à partir également.

C’est là la seule raison d’être de ce blog, qui n’aura eu qu’une courte vie dont il voit déjà venir la fin.

Et, comme avant de partir, j’ai toujours ce connard de Xavier en tête.



Je me vois déjà vagabonder dans Paris en essayant de me convaincre que finalement, ici aussi c’est pas mal ; je me vois passer près d’un groupe de jeunes assis à un café-terrasse, deviner leur nationalité à la manière dont ils charcutent l’Anglais, et ne trouver rien d’autre à leur dire que


« Erasmus ? »



Cracovie + Auschwitz & Birkenau

Je ne laisserai pas ce blog clamser. Pas encore. Bien des choses ont changé depuis le dernier article, et l’envie et le temps d’écrire m’ont manqué.
Cette année déboîte, et remplir cette page est le seul moyen que j’ai de partager mon expérience avec vous. Ce blog ne pouvait être un mort-né, il fallait le remettre sur pieds.

Les articles qui suivront traiteront des nombreux voyages auxquels j'ai participé durant les 4 derniers mois, à commencer par Cracovie.

Cracovie, on va dire Krakow parce que ça le fait plus t’as vu, est à plus de 9 heures de train à l’Est de Prague, à environ 700 kilomètres je crois. On décida donc de prendre un trajet de nuit afin d’arriver frais le lendemain matin. Crari. Equipe de sept, 100% Française : Paul, Thibaud, Anne-Sophie, Gabriel, Emilie, Lise, et moi (ok, ça baisse tout de suite le pourcentage vous me direz). Que du beau monde.

On part donc le 27 Novembre au soir vers 21h pour arriver le 28 vers 6h du matin.
Dans le train on rejoint un autre groupe de 6 autres Erasmus, des potes à Paul, un peu plus diversifié celui là de par la présence d’une Ecossaise et d’une Finlandaise mais toujours à majorité Française. Le train Tchèque pue du cul. Il est tout vieux, les couchettes coûtant 12 euros on préfère tenter notre chance avec les banquettes péraves (ce qui s’avèrera être un échec cuisant). Le sommeil ne vient pas, il lutte contre l’inconfort. Avec Paul on décide de squatter en première classe. Banquettes de ouf qui coulissent et forment un grand lit couvrant toute la superficie du compartiment, du jamais vu. On s’endort à peine avant de se faire renvoyer en 2nde par le contrôleur.

Comme ça, pour le faire chier, une photo du Gabitch qui mange.

Le train fait des arrêts à plusieurs villes, notamment à Oswiecim, plus connue sous son nom allemand d’Auschwitz. Parce qu’un voyage à Krakow ne peut se faire sans passer par Auschwitz, on décide d’y passer la première journée afin de déprimer un bon coup direct pis d’oublier en visitant et faisant la fête les deux jours restants.
Finalement, après un patchwork de 2h de sommeil, on arrive à la gare de Krakow le dos tout cassé.


Arrêt à l’auberge de jeunesse pour déposer les affaires et choper des cartes.

On feuillète les brochures de visites organisées guidées d’Auschwitz, des attrape-couillons, puis on décide d’y aller en solo et de choper un guide sur place. 1h de car plus tard on arrive sur le Parking devant l’entrée de l’ancien camp de concentration. On nous demande d’attendre notre guide qui va arriver sous peu.
Je vais pas détailler tout ce que l’on a vu parce que ça prendrait trop de temps, aussi voilà quelques photos qui vous donneront une idée de ce à quoi ça ressemblait.

Un rappel rapide : Auschwitz était le camp de concentration, et aujourd’hui le musée. C’est à 10 minutes de voiture plus loin, dans le camp d’extermination de Birkenau que les Nazis avaient mis en place un vaste système d’extermination organisée. Bien sûr, beaucoup périrent à Auschwitz, mais lorsque l’on visite les deux camps, on se rend vite compte des rôles de chacun.

La porte d’entrée, surplombée du fameux « Le travail rend libre »


Boîtes de Zyklon B

Cheveux. (rasés, puis les nazis en faisaient de la toile et d’autres trucs de ouf)

La première chambre à Gaz où les prisonniers étaient asphyxiés au pot d’échappement. Le Zyklon B fut utilisé plus tard, lorsque l’extermination devint massive.

Premier four crématoire, modèle réduit de ceux construits plus tard à Birkenau.

Les rails des trains de déportés passant directement sous l’entrée principale du camp d’extermination de Birkenau.

Baraquements des déportés.

A perte de vue, baraquements brulés par les Nazis dans leur fuite.
Chiottes.

Ruines d’un four crématoire détruit par les nazis afin d’effacer les traces du génocide.

Ce soir là on rentrera claqués. Le groupe n’a pas vraiment la gouache de sortir après la visite. Gabi et moi sommes pas trop démoralisés, mais plutôt crevés par le voyage, le manque de sommeil et la visite. On décide de se miner le soir mais finalement je l’abandonne et il partira seul avec Hugo, un pote à lui de Lille en Erasmus à Krakow, et d’autres. Pour moi c’est dodo pour visiter le lendemain.

Réveil assez tôt, on se bouge le cul. Quelques photos de notre visite de la ville.

La Basilique Ste. Marie

Place du Marché, la place principale de Krakow.

Vue (pourrie, désolé) depuis la Tour de la place du Marché. La tour c’est un peu de la merde en fait, on peut pas sortir sur un balcon une fois qu’on s’est fait chier à monter. Les accès aux balcons sont couverts d’épaisses fenêtres à travers desquelles seulement on voit la ville.


Rencontre du sosie d'Emilie sur le Marché de Noël de Krakow

Ah. Alors dans notre auberge, gentils comme ils étaient, ils mettaient sur les tables de la salle à manger des pâtisseries de ouf genre mille-feuille qu’on pouvait manger à l’œil. Lorsqu’on est rentrés faire une pause vers 13h, on découvre donc ces gâteux, mais également, dans la chambre cette fois, le Gabi qui, rappelez-vous il était parti faire la teuf avec ses potes la veille, est rentré à 10h du matin.
Là, on lui à donné un gâteau à son réveil. Comme vous pouvez le voir, il est ravi. De loin la meilleure photo de tout l’album du voyage.

Agression de l’Homme-Pinte qui distribuait des coupons pour de la bière gratuite (Pivo en tchèque, Piwo en Polonais, histoire qu'on soit pas trop perdus quoi...).

Le soir, pour se rattraper d’avoir fait les papys la veille (sauf Gabi le Vaillant faut avouer) on décide de sortir au Prozak , club réputé de Krakow. On s’est retrouvés avec l’autre groupe pour faire la teuf. Success. On se lamine la gueule jusqu’au petit matin où la boîte commence à être vide. Tout le monde est parti, il ne reste que Anne-Sophie, Paul, Gabi et moi, ainsi que Hanna la Finlandaise qui décide de rester au bar draguer des mecs. On rentre en gueulant des chansons de l’autre bout de la place du marché en réponse aux Anglais qui ont cru que c’était la place à leur daronne.
Une jolie photo pour illustrer le tout.
Gabi, moi, Paul, et un petit bout d’Anne-Sophie.

Notre auberge se trouvait assez curieusement au 3è étage d’un immeuble. Au premier, des bureaux, au second une boîte de nuit. Le premier soir, en rentrant, on avait été surpris en voyant la file d’attente et les gens pétés dans les escaliers. Ce soir là, en rentrant du Prozak, on s’est dit qu’on pouvait tenter le coup. L’endroit est cool, il reste pas grand monde ça se bouscule pas. On pousse le vice jusqu’à 9-10h. Un étage plus haut, on est chez nous.

Le lendemain, réveil difficile. Le corps ne répond plus mais on se lance pour une visite (une ballade plutôt vu qu’on est arrivés trop tard pour acheter les billets) au Wawel, le château de Krakow.

Le soir, dernier dîner tous ensemble dans un resto pour de la bouffe locale pas chère avant de prendre le train et retourner à Prague.


Na zdrowie!

To Je Praha






Ouais, j’écris pas souvent.

Le pire c’est que je me rappelle plus ce que je fais quand je n’écris pas.

Sans déconner, le rythme est assez dur, et couplé à ma mémoire moisie ça n’arrange rien.

J’appelle plus les potes, n’écris plus sur le blog.

En fait, c’est comme celui que j’ai laissé il y a un an maintenant. A partir du moment où ça va mieux, je n’ai plus besoin d’écrire.

Vous l’aurez compris, ce blog m’aide à garder les pieds sur terre, sauf qu’en ce moment je suis dans les nuages. Cette expérience Erasmus est tellement intense que le temps passe à une vitesse incroyable, et les évènements me dépassent, me laissant à la traîne, et par conséquent ce blog aussi. Je suis emporté par un courant de fêtes, de rencontres et de découvertes. J’ai laissé l’ennui de la banlieue parisienne pour me retrouver dans un mouvement continu que je suis machinalement et qui me satisfait pleinement. Je ne suis plus stressé, je ne suis plus inquiet pour rien, je ne me remets plus en question à longueur de journée. J’ai quitté mon domicile familial pour me retrouver quasiment livré à moi-même à 1000 bornes de chez moi dans un pays dont je ne parle pas la langue, où mes responsabilités se sont soudainement multipliées, où je mène un train de vie plus fatiguant, mais où je me sens libre, calme, et serein. De temps en temps je ressens le besoin de me ressourcer, en passant un coup de fil à mes amis ou mes parents, ou encore en écrivant un article, en lisant le Libé en ligne plus longtemps que d’habitude, en écoutant attentivement RFI dans la piaule.

Je ne suis pas nostalgique, mais alors pas du tout. Je suis heureux ici, plus qu’en France, mais je suis aussi conscient que je ne suis que de passage, que cette année est une parenthèse de ma vie, parenthèse que je n’oublierai cependant jamais, contrairement aux 12 derniers mois dont je suis bien heureux de me débarrasser petit à petit.


Vous savez maintenant ce qui se passe dans ma tête.

La suite c’est comme d’hab, la chronique.


La semaine dernière fut bien chargée.


Mardi 21 Octobre au soir, le derby HC Sparta Praha – HC Slavia Praha au Hockey sur glace, à la Tesla Arena, domicile des spartiates. Le Sparta c’est le Nord de Prague, les riches disons. Le Slavia c’est près de chez nous au Sud, plus prolo. Je me décidais donc à soutenir le menu peuple ce soir là. Présentation de l’équipe locale sur fond de composition musicale épique de Tyler Bates, entrée sur la glace de 8 mecs habillés en spartiates de 300. Le public est chauffé, moi aussi, c’est beau. La première mi-temps, je la passe dans la tribune à perpète dans laquelle j’avais réussi à nous trouver des places. Bonne vue globale mais putain ça fait mal aux yeux dès qu’on cherche à suivre le palet. On voit pas les noms des joueurs, pas les détails, c’est chiant, du coup je décide de changer d’endroit pour la 2e période (3 de 20 minutes en tout). Après avoir été abandonné par mes potes qui restèrent dans la tribune moisie, j’intègre celle des supporters du Slavia. Pour le coup, c’était nous les 300. On est en infériorité numérique écrasante devant le reste du public qui soutient son équipe locale. Devant nous s’installe le gardien du Sparta. Le mec se fait insulter pendant 2 minutes. On perd déjà 4-0 mais c’est encore le feu.

J’apprends même les chants de l’équipe avec l’aide du poivrot à ma gauche.

Les nombreuses bastons entre joueurs chauffent le public et sont les seuls moments de gloire des joueurs du Slavia, et par conséquent nos seuls moments de bonheur.

Troisième période, je repère les places libres derrière les bancs des joueurs. La vue déboite, on voit l’action de près. Au final c’est la branlée 5 à rien. En partant, tel un traître, j’achète une écharpe du Sparta dans l’un des fan-shop du Ring. La victoire est magistrale, chez eux, j’achète.

C’est officiel, les matches de Hockey, ça déglingue.



Mercredi soir, deuxième soirée au PM Club.

Jakko nous guide à travers la nuit avec ses « Tequila Boum Boum !! » (Traduction: teq paf, on a beau lui dire que ici c’est des shots simples, il ne veut rien entendre). Je commence à frotter une Tchèque giga bonne mais que mes potes appelaient « la chauve », apparemment elle avait pas la chevelure épaisse. Je crois honnêtement avoir eu une chance un moment, mais dans un gracieux geste de danse, je tapais dans sa bière, la renversant entièrement sur mon jean (qui fouette toujours d’ailleurs) et sur le sien. Du coup c’était mort, bien que je lui en ai payé une autre pour me faire pardonner. Mal au crâne, une bonne marche sous la pluie au retour me le refroidit comme il faut.



Jeudi soir, je sors avec les chypriotes en ville.

On va au Aloha Cocktail Bar dans le quartier de Josefov, je voulais le tester depuis longtemps. On est rejoint par Jakko, Fred, Mathilde, Rob, puis plus tard par Elisabeth, Alona, et Mirka.

Ca s’alcoolise, vole des plateaux de bouffe au buffet à côté. Bien pété, je m’embrouille avec l’un des serveurs, ce fils de pute qui me pousse deux fois au lieu de me demander simplement le passage. Fred et Jakko nous séparent, ironique étant donné ce qui suivra. Les potes paient les tournées de tequila pour oublier. Après avoir raccompagné Mirka chez elle tel un -je cite- gent, je rejoins les autres au Chapeau rouge. Les rescapés sont Fred, Jakko Alona et moi. On reste pas au final. Après avoir trippé sur le mec déboité qui sort sa bite normal devant la sortie, qui pisse au milieu de tout le monde et se casse la gueule dans le caniveau avant de se faire jeter plus loin par le videur, on va sur Staromestskè Namèsti, la place de la vieille ville.


Elle est déserte.


Ceux qui ont déjà été à Prague savent à quel point c’est une scène surréaliste, puisqu’elle est constamment envahie par les touristes de jour, et de déchets ambulants la nuit. Là, je taxe des chaises aux restaurants fermés, on s’assoit au milieu de la place pour profiter de la vue.

10 secondes après avoir pris la photo, Jakko veut poser son cul avec nous mais une main inconnue tire sa chaise et il manque de tomber.

Attention scène triste.

Saucé par la tise, Jakko saute sur ce qui se trouvait être le vieux de la Sécurité Municipale et lève son poing en menaçant de le frapper. Papy recule mais retrouve ses couilles, sort une matraque télescopique et donne un gros coup sur le bras du finlandais, qui perd son équilibre et se casse la gueule dans une flaque d’eau. Le temps de me remettre du ridicule de la scène, je cours avec Fred pour limiter les pertes. On est morts de rire, essayant de faire comprendre à notre pote que c’est pas bien de taper les vieux qui font leur taf.

Finalement on rentre sains et saufs à Hostivar.


Ce soir là, autour de la table, on réalise que le WE va être long. Le Mardi 28 Octobre est férié en République Tchèque (je sais pas encore pourquoi d’ailleurs). N’ayant pas cours les Vendredis et Lundi, ça nous fait cinq jours de libre.


Lorsqu’on a pour domicile temporaire la ville carrefour d’Europe centrale, week-end de cinq jours rime logiquement avec voyage.


Les voisines chypriotes me proposaient depuis quelques jours déjà de faire un petit trip express dans l’une des nombreuses capitales nous entourant.

Ce soir là donc, on décide de saisir l’occasion et de partir pour Berlin avec Elisabeth, Etienne, Paul, Jakko, Alona, Georgia et Elena.

Vendredi soir à minuit, après une journée repos, on achète nos billets à la gare centrale de Prague, d’où on prendra le train 8 heures plus tard, le lendemain matin.

Au passage j’apprends que ce soir là, ma chère finlandaise a fini dans les bras d’un roux à lunettes, ce qui me blase, et je décide d’aller boire un coup avant de pioncer.

Mais mes potes, ces bâtards, me lâchent car ils veulent « bien dormir avant de partir ».

Je réfléchis. Il est minuit et demie, il fait pas beau, ça va être dur de trouver quelqu’un.

Mais il y en a un qui sera surement opé. Un coup de fil devrait suffire.


- Hey Micha what are you doing man?

- My laundry

- At midnight?

- Yeah I finally got the key (j’vous avais dit que la lessive c’était la mission à Hostivar)

- I’m bored, wanna go for a drink?

- Sure

- Is the casino behind Hostivar still open?

- I think so

- Alright meet me in the hall in 5’.


En voilà un sur qui on peut compter.

La lessive tourne, on va boire un verre.

Entre deux pintes, je teste pour la première fois la Becherovka. Sucré au début, amer par la suite, le shot (verre ?) passe bien.

Je chauffe, je me décide à rentrer mais il veut continuer (putain de slovène), il veut « rentabiliser la sortie » me dit-il. Je réussis à le convaincre après 2-3 verres de plus et on rentre finalement vers 3h30.

Sa race, faut encore faire la valise.

Réveil à 6h. Je suis encore allumé. Firefox > Youtube >Tata > Anapati aziz arev = zik du bled à fond dans la piaule.

Etienne souffre et essaie de me faire baisser le son « pour la voisine ».

Finalement on rejoint les autres. Direction Hlavni Nadrazi pour prendre le train.


La suite, c’est l’article en dessous.

Berlin





Durant le voyage de 5 heures, on profite du paysage. Au wagon-bar, on découvre la Franziskaner, une Weissbier délicieuse.
On paie en euros, ce qui ne m’était pas arrivé depuis presque deux mois maintenant.
C’est marrant 5 minutes puis on réalise qu’on douille à chaque pinte.

Le train passe par Dresden après avoir suivi l’Elbe. Le Fleuve perce la verdure et longe les reliefs rocailleux. Le paysage est magnifique et Dresden s’impose dans ma liste des destinations à visiter.

Vers 14h, on arrive enfin.
Paye ta gare de bâtard. Un vrai centre commercial sur 3 étages.
Le truc qui tape à l’œil direct, c’est le joli petit logo orangé BK.
Je le savais pas, mais il y en a en Allemagne, je suis heureux.

A l’arrivée, on est accueillis par la cousine de Georgia. La meuf, censée connaitre Berlin puisqu’elle y habite depuis deux mois maintenant, nous fait tourner en rond 30 minutes dans la gare avant même de prendre le U-Bahn pour aller à l’auberge.
Après un petit arrêt à Potsdamerplatz, on s’installe chez nous, au Three Little Pigs.
Le soir on se fait la porte de Brandebourg, le Reichstag, on longe la Spree jusqu’à Friedrichstraße.




On se fait un BK.


Jouissance.

Le soir, on va au Tacheles, un squat d’artistes sur cinq étages dont deux sont aménagés en bar.

A l'entrée, on nous tamponne.

On se pose au 3e. De la tech minimale, ça passe petit à petit à l’electro. Des potes qui étaient partis de leur côté nous rejoignent. Ils ont un peu de mal au début, la fatigue nous disent-ils. La combinaison universelle pintes+shots nos remet tous en forme.











On rentre au petit matin, bien claqués après une journée de voyage, visite, et teuf.

Le lendemain, après un coma collectif, on remet ça. On bouge au centre de Kreuzberg, dans le quartier des Turcs, où l’on sera certain de trouver un kebab digne de ce nom.
On en prend 2 chacun au final.
Nan parce que à Prague y’a que celui d’Andèl qui mérite la dénomination Döner. Les autres c’est Dömer.
L’après-midi, direction Alexanderplatz, visite de la tour de télévision, point culminant de la ville.
Ca débite des saloperies sur toutes les pétasses qu’on croise.
Et putain qu’est-ce qu’on peut croiser comme pétasses dans une tour télé…
D’ailleurs dans cette même tour télé, on relève une odeur bizarre, familière mais dérangeante.
Je me tourne vers Paul, lui lâche un « tu trouves pas que ça sent la chatte usagée ? » auquel il me répond par un « mais nan, ça sent le foutre ».

A la fin de la visite, les chypriotes nous disent la même chose.
On sait pas trop ce qu’il s’y passe dans cette tour.
En tout cas la vue fut belle. Bon, ça vaut pas un Empire State mais c’est déjà bien.
La nuit tombe le temps de redescendre avec l’ascenseur.

On bifurque pour visiter la Gedachtniskirsche, l’Eglise mutilée par les bombardements alliés, un des seuls vestiges de la ville à avoir survécu à la seconde guerre.

A son pied, plein de petits stands vendent des Wurst à toutes les sauces et des grillades et choucroutes alléchantes. Mais on est plus à Prague, et 4,5€ c’est cher.
On se paie quand même une chti’te Wurst allez.

Tiens en parlant de Chti’s…

On tombe par hasard, non loin de là, sur le Musée Erotique.
On n’a pas trouvé le musée mais on a bien rigolé dans le sex-shop géant en tout cas.




Plus je visite l’Europe, plus je me rends compte à quel point la France est pudique. Je ne sais pas d’où les Français tiennent leur réputation de dévergondés mais putain ils sont minables ne serait-ce que comparé à Prague, et Berlin j’en parle même pas.

On finit dans un premier bar dont on est les seuls clients puis 5 mètres plus loin après avoir slalomé entre les putes de Oranienburger Straße, on se fumer un narguilé en s’éclatant à coup de cocktails.
Le Dimanche soirs, ni le S-Bahn ni le U-Bahn ne tournent. Du coup 1h de marche jusqu’à l’auberge.
Bah, on décuve.
Le lendemain, on fait la visite Alternative Berlin organisée à 11h du mat. Le réveil est difficile mais ça passe. Notre guide nous emmène dans les quartiers méconnus des touristes, nous explique l’histoire du Street Art omniprésent à Berlin.

On marche plus de 6 heures puis on va se faire un kebab.
Le soir, on fait la suite de la visite à savoir le Pub Crawl organisé chaque soir par la même association.
5 bars différents. Un roots, un avec une table de ping pong au milieu avec des tournantes de 20 personnes bourrées avec une raquette à la main, celui gothique du groupe Rammstein où je trouve le sosie de Kurt, un autre insignifiant, puis un à la déco assez spé et indescriptible si ce n’est pour l’énorme portrait de David dur le mur.

Les organisateurs payent leur bouteille d’absinthe dans la rue.
C’est pas l’absinthe espagnole ; celle-là décape la gueule.
On finit dans une boîte présentée comme gay (bien qu’on n’en ait pas vraiment vu). Le son déboîte mais une partie de nos potes rabat-joie décide de partir car trop fatigués, et vu que ce sont des gonzesses, on les raccompagne. Arrivés à l’auberge les autres montent, avec Etienne on se fait quelques parties de Billard dans le hall sur fond de Mauvais Œil de Lunatic, que passe le réceptionniste aux origines françaises.

Le lendemain, on doit prendre le train à 16h45 pour Prague. On retourne au quartier turc prendre un Shawarma libanais et un Döner, après quoi direction la East Side Gallery, le morceau le plus long du Mur ayant survécu.

On le longe sur un kilomètre en admirant les fresques magnifiques peintes et repeintes au fil des années.


Ensuite direction le mémorial de la Shoah, impressionnant et très propice au jeu. Je n’ai vu personne le traverser avec le visage triste, et c’est franchement plus plaisant comme ça.


On est dans les temps, on part prendre le train à la Hauptbahnhof, la gare centrale.
En avance, on se prend un dernier BK pour la route, et on rentre à la maison, à Prague.
Car oui, Prague est désormais ma maison, je le ressens pour la première fois.